Dans un contexte marqué par l’essor du numérique et des paiements mobiles, la sécurité des moyens de paiement est au cœur des préoccupations des acteurs du secteur bancaire et financier. Chaque année, l’Observatoire de la sécurité des moyens de paiement (OSMP) livre une analyse de l’évolution des moyens de paiement en France et de la fraude associée. Retrouvez ci-dessous un décryptage du dernier rapport.
Évolutions des usages des moyens de paiement
En 2023, la carte de paiement conforte son statut de moyen de paiement préféré des français (paiements fréquents de faible montant). Les paiements sans contact et par mobile continuent de croître, représentant respectivement 68 % et 10 % des transactions de proximité.
Les paiements par carte ont atteint 61 % du volume total des transactions scripturales, tandis que les virements dominent en valeur avec 89 % des montants échangés. A noter que les virements instantanés ont connu une forte croissance avec une augmentation de 46 % en valeur.
Les paiements par chèque poursuivent leur déclin, représentant désormais moins de 3 % des transactions.
Par ailleurs, on note que la monnaie électronique apparaît comme un moyen de paiement encore très marginal. En 2023, elle représente une part extrêmement faible, aussi bien en montant qu’en volume.
État de la fraude en 2023
En 2023, la fraude aux moyens de paiement scripturaux a représenté 7,1 millions d’opérations, soit une légère baisse de 0,6 % par rapport à 2022. Le préjudice global se stabilise et atteint 1,195 milliard d’euros (+0,2 %).
La carte reste le principal canal de fraude avec 38 % du montant total de la fraude (contre 35,3 % en 2022), principalement via les paiements à distance. Cependant, la fraude sur les paiements sans contact et par mobile continue de diminuer. Cette réduction est due à l’efficacité de l’authentification forte imposée par la DSP2. Le taux de fraude global des cartes reste stable à 0,053 %, un niveau historiquement bas.
La majorité des opérations par carte sont nationales (90,2 %), mais la fraude est plus diversifiée géographiquement : 53,4 % est nationale, 27 % concerne l’Espace économique européen et 19,7 % l’international.
Le chèque, bien que de moins en moins utilisé, continue de poser un problème de sécurité avec un taux de fraude en légère augmentation (0,078 %). Il représente environ 31% du montant total de la fraude. Les fraudes sont majoritairement liées à l’utilisation de chèques volés ou perdus.
La fraude sur les virements reste stable, représentant 26 % du montant total, principalement via la banque en ligne. Le virement instantané est le plus exposé, bien que son taux soit en légère baisse, tandis que les virements SEPA et de gros montant sont peu touchés.
En 2023, la fraude au prélèvement augmente légèrement mais reste stable à 0,0010 %, et est principalement faite par des créanciers frauduleux émettant de faux ordres. La fraude par détournement, où le fraudeur usurpe l’identité et l’IBAN d’un tiers pour signer un mandat de prélèvement, a fortement diminué en 2023, ne représentant plus que 1 % des montants fraudés, contre 28 % en 2022.
Les actions conduites par l’Observatoire au titre de la prévention de la fraude
L’Observatoire rappelle les bonnes pratiques en matière de sécurité des virements et prélèvements SEPA. Ses recommandations portent notamment sur la sensibilisation des utilisateurs et sur le partage d’informations entre les établissements.
Concernant les paiements par carte à distance, un plan d’action a été déployé pour réduire la fraude sur les transactions non authentifiées via le 3-D Secure. À partir de juin 2024, des plafonds progressifs ont été introduits, limitant les transactions à 500 euros par carte et par commerçant (100 euros d’ici la fin de l’année).
Enfin, face à la fraude par usurpation d’identité via les réseaux de télécommunications, l’Observatoire a intensifié sa collaboration avec ce secteur, notamment à travers le programme MAN (Mécanisme d’authentification des numéros), qui permet de certifier l’authenticité des numéros d’appel pour mieux protéger les utilisateurs.
Informatique quantique : anticipations face aux menaces
L’informatique quantique est une technologie émergente qui utilise des qubits pour effectuer des calculs extrêmement rapides, bien au-delà des capacités des ordinateurs classiques. Elle est perçue comme une menace pour la sécurité des systèmes de paiement actuels, car les ordinateurs quantiques pourraient déchiffrer rapidement les algorithmes de cryptographie utilisés pour protéger les données liées aux transactions financières.
L’Observatoire recommande donc d’anticiper cette menace en adoptant des algorithmes post-quantiques, conçus pour résister aux capacités des ordinateurs quantiques.
Pour 2024-2025, l’OSMP continuera à mettre en œuvre les plans de prévention de la fraude et conduira une veille technologique sur le recours aux méthodes de scoring et l’utilisation de l’intelligence artificielle pour la lutte contre la fraude. Un bilan sera également réalisé sur les remboursements de fraude d’ici 2025.