L’Autorité bancaire européenne (ABE) a publié en décembre 2024 son quatrième rapport, détaillant les approches adoptées par les autorités nationales compétentes (ANC) afin de superviser les banques en matière de lutte anti blanchiment et financement du terrorisme (LAB/FT). Ce document, basé sur une analyse approfondie de 14 ANC issues de 9 États membres de l’Union européenne et de l’Espace économique européen (UE/EEE), couvre les progrès réalisés durant la période 2023-2024.
Le rapport met en avant des avancées significatives, notamment l’adoption généralisée d’approches basées sur les risques, permettant de mieux cibler les domaines à haut risque. Il souligne également l’amélioration des méthodologies d’évaluation des risques et une coopération accrue entre les ANC, en particulier dans le cadre des collèges LAB/FT. Ces efforts ont été soutenus par une réorganisation structurelle dans plusieurs ANC, avec la création d’unités spécialisées et une augmentation substantielle des ressources humaines et techniques dédiées à cette supervision.
Cependant, des défis importants persistent. Le rapport identifie des lacunes dans les méthodologies d’évaluation des risques au niveau des institutions, telles que l’absence d’approche sectorielle cohérente ou encore le manque de formation et de sensibilisation. Il note également que certaines ANC ont encore du mal à intégrer pleinement les risques LAB/FT dans leurs processus de supervision prudentielle, comme l’examen des processus d’autorisation bancaire ou l’évaluation de l’intégrité des membres des organes de direction. Ces insuffisances risquent de compromettre l’efficacité globale de la lutte contre les pratiques illicites.
L’ABE propose plusieurs recommandations afin de pallier ces lacunes. Parmi elles, l’intégration plus systématique des évaluations des risques LAB/FT dans les processus prudentiels, l’amélioration des outils analytiques utilisés par les ANC et le renforcement de la coopération entre les superviseurs prudentiels ainsi que ceux spécialisés dans la lutte contre le blanchiment d’argent. L’objectif est de garantir une approche harmonisée et robuste à l’échelle européenne, en particulier face à l’évolution rapide des techniques de blanchiment et des nouvelles menaces induites par l’utilisation des crypto-actifs.
Un autre point clé repose sur l’anticipation du rôle central de l’Autorité européenne de lutte contre le blanchiment d’argent (AMLA). Créée en 2024 et pleinement opérationnelle en 2025, l’AMLA sera responsable de coordonner les ANC et les cellules de renseignement financier (CRF) des États membres. En outre, à partir de 2026, l’AMLA supervisera directement certaines entités financières à haut risque. Son rôle est également d’établir des standards communs, de faciliter la coopération transfrontalière et de s’assurer que les États membres mettent en œuvre efficacement les directives européennes en matière de LAB/FT.
Pour plus de détails, consulter notre article AML Package – Partie 3 : Analyse synthétique du règlement instituant l’ALBC
Ce rapport met en lumière les progrès réalisés, mais aussi le travail restant à accomplir pour garantir un cadre bancaire sûr, transparent et aligné sur les meilleures pratiques internationales en matière de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme.
Source : Report on NCAs approaches to the supervision of banks with respect to AMLCFT.pdf